À la
ferme Jean-Yves Gamelin, on entretient le goût de la fraise depuis près de 50
ans
Hélène Ruel
À
la ferme horticole Jean-Yves Gamelin, on a choisi de demeurer une petite
entreprise pour mieux s’occuper des clients. On veut cultiver la qualité,
la fraîcheur, le goût ainsi que soigner la réputation des fraises de
Pierreville, comme d’autres le font de la fameuse tomate de
Saint-Pierre-les-Becquets. Dans la famille, et
cela depuis la génération du père de Jean-Yves, Étienne, on se plaît à
dire que chez les Gamelin c’est «l’enfer de la fraise!»
«C’est que quand
vient le temps de la récolte, les champs sont tout rouges et qu’il fait
très chaud!», commente Mariette en riant. Inutile de préciser qu’avec
le temps froid s’étant éternisé cette année, la saison de cueillette sera
retardée d’une dizaine de jours, même si, depuis longtemps, les maraîchers
recourent à la plasticulture pour hâter la
production. |
Pour les petits plants de
fraises, par exemple, on déroule une longue pellicule de plastique, une
couverture flottante qui les gardera au chaud. On utilise aussi le
plastique comme paillis pour le maïs, les tomates, les concombres. Dans
certains cas, deux pellicules de plastique servent de «couvre-lit» et
d’«édredon» aux plants. Non seulement, la
plasticulture permet-elle de garder la chaleur, mais elle favorise la
réduction des engrais et des pesticides. À la ferme Gamelin, on ne détient
pas la certification bio, mais on se préoccupe d’agriculture durable. On
met en pratique certains des préceptes de l’agriculture biologique, comme
la rotation des cultures, l’utilisation des engrais verts et du compost.
Dame Nature a le
dernier mot C’est le gendre et
maintenant associé, Sylvain Lavoie, le mari que Nathalie (une des quatre
filles de Jean-Yves et de Mariette) a ramené de Saint-Hyacinthe avec son
diplôme en horticulture, qui explique la qualité du climat. La terre
sablonneuse de la ferme située dans l’environnement du Lac Saint-Pierre et
en bordure du chenal de la rivière Saint-François, procure des conditions
idéales à la production horticole. En «degrés-jour», ce petit coin de
Pierreville situé à l’extrémité ouest du Centre-du-Québec, offre tout
autant de possibilités que la région de Saint-Hyacinthe. Dans la fraise et
dans le maïs, on peut se permettre d’espérer des
primeurs... |
Trois générations de
Gamelin Jean-Yves n’a donc
plus bougé de la ferme familiale, y attirant l’amour de sa vie,
l’institutrice Mariette. Les épousailles ont eu lieu en 1960.
Il n’a pas fallu longtemps
aux Gamelin pour décider qu’entre la production laitière et la production
maraîchère, il fallait choisir. En 1964, les vaches sont sorties de la
ferme et le couple Gamelin a consacré ses efforts à cultiver, en légumes
de toutes sortes, les quelque 6 arpents de la terre. Aujourd’hui, pour se
donner une idée de l’envergure de l’entreprise, les maraîchers cultivent
une trentaine d’arpents. |
Si
les cinq variétés de fraises constituent la culture prédominante de la
ferme Jean-Yves Gamelin, lui procurant environ la moitié de son chiffre
d’affaires, elle a toujours cultivé toute une kyrielle d’autres produits,
un bouquet varié selon les époques. Par exemple, il fut
un temps où on cultivait davantage de pommes de terre, rappelle Jean-Yves.
«Au temps où les familles étaient bien grandes, la pomme de terre trônait
sur la table. On en mangeait beaucoup et, il faut le dire, il y avait une
moins grande variété de légumes sur le marché...» Les producteurs
continuent de cultiver la pomme de terre, mais en bien moindres quantités
qu’avant. D’ailleurs, au strict plan des affaires, on se dit qu’avec la
concurrence dans le marché de la pomme de terre, il serait plus rentable
de cultiver davantage de haricots, par exemple. Les producteurs de
Pierreville cultivent donc, entre autres, des haricots, des concombres,
des oignons, des tomates, des poivrons rouges, verts et jaunes, des
betteraves en long, un peu de carottes et beaucoup de framboises, une
production à laquelle ils veulent donner de l’expansion et pour laquelle
l’auto-cueillette fonctionne très
bien. |
De nouvelles
productions Ces deux
productions en serres, nouvelles à la ferme Gamelin, de même que la
culture de la framboise ont été introduites par Nathalie Gamelin et son
mari Sylvain Lavoie. Le retour de
Nathalie Depuis six ans,
grâce à un processus de transfert graduel, ils détiennent 40% des parts de
la ferme, Jean-Yves et Mariette leur faisant de la place tout autant
autour de la table des décisions que dans les champs.
Les quatre associés
ont appris à travailler ensemble, à se départager les tâches selon leurs
«spécialités». On comptera sur Nathalie pour la comptabilité, sur Sylvain
pour le travail dans les serres et dans les champs, sur Jean-Yves pour les
semences et l’entretien des plants, sur Mariette pour l’embauche du
personnel et le maintien de la discipline dans les rangs... de fraises, un
relent de son passé d’institutrice. Si beaucoup de producteurs hésitent à
ouvrir leurs champs à l’auto-cueillette, c’est probablement parce qu’ils
n’ont pas une Mariette pour veiller à ce que le travail soit bien fait,
remarque son époux Jean-Yves. Et les associés
aiment se retrouver au Marché public de Drummondville. C’est la sortie de
la semaine pour les producteurs maraîchers! Leur ferme y est d’ailleurs
présente depuis près de 50 ans. C’est le lieu du commerce, mais c’est
aussi le rendez-vous hebdomadaire, celui par lequel on échange des
nouvelles. Durant trois ans,
la ferme Gamelin a fait «saucette» du côté du marché Godefroy, mais a
finalement décidé de se retirer, concentrant ses efforts à ses deux
habituels lieux de commerce, le marché drummondvillois et son propre
kiosque en bordure du Chenal Tardif. À la ferme Jean-Yves
Gamelin, on aime à la fois travailler avec les fruits, les légumes, les
fleurs... et le public. |